Alice Springs, 27 000 habitants, c'est l'oasis dans le désert. Le site est remarquable : cuvette de sable orange, bordée par la chaîne des MacDonnell percée de gorges sculptées par les millénaires et traversée par la Todd River dont on dit qu'un homme est chanceux s'il la voit couler 3 fois dans sa vie ! Eh bien, elle a coulé cette année ! La ville est plus banale, c'est essentiellement une ville de services, on y trouve de tout... ou presque : supermarchés bien garnis, hôpital, hôtels, collèges, casinos, salles de spectacles, centres culturels, panneaux solaires sur les toits, cafés internet, mail piétonnier, jardins tropicaux etc. Le tourisme y est pour beaucoup mais Alice Springs accueille aussi des fonctionnaires et des militaires de la base américano-australienne d'observations des satellites.
Avec ses nombreux points d'eau, le site a toujours été un point de passage et d'échanges importants pour les clans aborigènes de la région. Les Européens y installent une station télégraphique en 1872; puis en 1932, la ligne de chemin de fer qui vient d'Adelaide au sud atteignit Alice Springs. Ce n'est qu'en 2004 toutefois que le train se rendra jusqu'à Darwin tout au nord du pays ! Aujourd'hui, cette ligne qui traverse l'Australie dans son axe nord-sud est appréciée des touristes et on appelle ce train, le «Ghan» en souvenir des caravanes chamelières afghanes qui étaient les seuls moyens de transport dans le désert avant le train et les routes.
Alice Springs, c'est aussi la capitale de «l'Australie noire». Environ 8 000 aborigènes vivent autour d'Alice Springs dans des villages hors de la ville. Ces communautés sont «dry» ; l'alcool y est interdit. En revanche, il est en vente libre à Alice Springs. C'est pourquoi les aborigènes qu'on y rencontre offrent un spectacle plutôt désolant : l'alcoolisme et tout ce qui vient avec... Mais il ne faut pas rester sur cette première impression. On nous dit que les aborigènes d'Alice Springs sont de mieux en mieux intégrés dans la vie de leur région : écoles, administration, galeries d'art, stations de radio et télé et, bien sûr, le tourisme. Nous avons eu l'occasion de discuter avec quelques uns, notamment un «ranger» du parc national et ce fut toujours très intéressant. Ils ont à coeur de préserver leurs coutumes et traditions mais ils sont aussi bien conscients qu'il faut travailler de concert avec les blancs et établir une collaboration durable entre ces deux mondes.